mercredi 27 février 2013

Splendeur et adminisères...

Vous avez remarqué ? Les services de femmes, c’est toujours le panier de crabes. Un pénis dans le service et les humeurs se modèrent, mais dès lors qu’on laisse les femelles entre elles, les gentilles se transforment en mégères, les douces se muent en harpies, les professionnelles jouent au tacle glissé en fourbe, bref, c’est le début de la fin.

Malheureusement, les professions administratives sont dominées par les femmes. Pour le plaisir du cliché, j’ajouterais que c’est probablement parce que gnaaagnaaagnaaa, nous les nanas on sait faire du multitâche et pas vous les mecs gnaaaagnagnaaaa. Toujours est-il qu’au final, ces départements-là, ça vire régulièrement en guerre œstrogénique.

 
Tout service administratif digne de ce nom se doit de compter parmi ses membres au moins une représentante de chacun des groupes suivants :

 - Les chieuses. Habituellement, on entend les chieuses avant de les voir. Systématiquement dé-bor-dée, la chieuse a aussi toute une tonne de petites misères taupinièresques qui prennent immanquablement des proportions Everestiques.

De l’imprimante qui n’a plus de papier au client pénible, tout est bon pour pester. QuôôôwAH ? Quelqu’un leur a pris un trombone ?! AAAAAAH ! (car la chieuse pense et s’exprime uniquement en majuscules et à grands renforts de ponctuations multiples. Ce qui est le signe indéniable d’un esprit malade, ©Sir Terry Pratchett).

Et quand par MALHEUR tout va bien, la chieuse ne se démonte pas pour autant : unetelle l’a regardée de travers, les impôts locaux c’est trop cher, quel temps pourri dehors. On pourrait lui offrir une prime spéciale Chippendales-champagne, elle râlerait que le string léopard ça fait vulgaire et que les bulles la font péter.

Phrase typique : « Rho, mais c’est pas possible ! »

Pire ennemi : tout le monde.

 

- Les feignasses. Reines incontestées de la glandouille à la machine à café, les feignasses compensent un manque de courage professionnel avéré par une sociabilité débordante.

Les feignasses adorent s’appuyer à un chambranle de porte et s’arrêter une petite minute pour « prendre des nouvelles » ; de fait, elles savent toujours qui a un fils en plein passage du code, qui est parti aux Maldives ou à La Bourboule et éééévidemment qui couche avec qui. Elles passent dans chaque bureau au moins une fois par jour et vous écoutent quand vous allez mal – parce que 15 minutes à compatir à votre sort, c’est toujours un quart d’heure de boulot en moins.

Toujours prêtes à rendre service (au patron), elles ont acquis avec le temps des compétences de comédie spectaculaires quand il s’agit de prendre un air concentré et laborieux derrière leur écran – sur lequel sont ouverts des parties de solitaire / démineur / freecell (comédienne lvl 1), ainsi que des dossiers bidons pour faire genre si quelqu’un regarde (comédienne lvl 2, option ninja).

Parfois, les feignasses travaillent quelques heures. Ensuite, épuisées, elles disparaissent en congé maladie pendant une bonne semaine. Surmenage …

Phrase typique : « Alors, ces vacances ? »

Pire ennemi : les indicateurs de performance.

 

- Les zizanettes. Les zizanettes sont, en réalité, des créatives incomprises et des artistes de la stratégie. Quand on n’a aucune vie hors de son petit plein temps en CDI, on se crée un roman-feuilleton avec les moyens du bord – et quand on est notoirement incompétent et inquiet pour son poste, pas besoin d’avoir lu Sun Tzu pour comprendre que l’idéal, c’est diviser pour mieux régner. Combinons ces deux états de fait, secouons un peu et nous obtenons une jolie petite zizanette.

L’oreille collée à la cloison des autres bureaux, la zizanette découvre autant d’informations que les feignasses mais ne retransmet pas tout, ooOOOooh non. Elle stocke. Elle garde. Elle déforme. Elle brode. Elle amplifie. Elle répète, aux pires personnes et au pire moment – quitte à inventer si la pêche au scoop n’a pas été bonne ce jour-là. Plus il y a de clans, plus ils s’affrontent, plus la zizanette s’épanouit.

Phrase typique : « En même temps, vu ce que X a fait à Y… Ah bon, t’as pas su ? »

Pire ennemi : tous ceux qui pourraient un jour monter en grade.

Pire ennemie MAIS VRAIMENT LA PIRE : la nouvelle. Souvent enthousiaste, jeune et poussant même parfois le vice jusqu’à être jolie, la nouvelle est un danger à éliminer de toute urgence. Tous les coups sont permis.

 
- Les vieilles biques. La vieille bique est là depuis si longtemps que sa carte de pointage est une plaque de cire gravée au stylet. Bien ancrée dans ses petites habitudes, elle émet des factures en ducats et rédige ses courriers au burin dans des blocs de marbre. Indévissable, indétrônable, cramponnée à son siège comme une balane à une coque de bateau, la vieille bique a la souplesse d’un menhir et elle. Ne. Bougera. Pas. Jamais.

D’ailleurs elle ne changera ni sa façon de travailler, ni ses procédures, ni ses outils de travail. Ses fringues datent de son baccalauréat, ses sandales ont appartenu à Jésus-Christ, elle a même collé une manivelle à l’arrière de son PC pour se rassurer.

Vous qui êtes jeune, dynamique et efficace, la vieille bique vous rend chèvre. Pleine de bonne volonté et de grandeur d’âme, vous avez essayé de lui expliquer tous ces concepts horriblement révolutionnaires comme la roue, la machine à vapeur ou le copier-coller. Peine perdue. Croupissant sans vergogne dans son ignorance, elle traîne la patte et se noie dans un verre d’eau dès qu’il faut sortir de ses petites habitudes.

Phrase typique : « Parce qu’on a toujours fait comme ça. » et « ouh là là, c’est quoi ce truc ? »

Pire ennemi : tout élément de technologie post-Charlemagne.

 
- Les BDD, ou Mme je-sais-tout. Tout est dans le nom. Pour Mme je-sais-tout, le doute, c’est le diable. Que vous cherchiez une manip’ du progiciel interne, le meilleur restaurant indien de Trifouctou-sur-Marne ou LA couleur tendance cette automne, elle sait. D’ailleurs elle a toujours lu un article sur / une copine qui bosse dans / des connaissances personnelles de TOUT. Lors de son Master Dieu, elle n’a raté que l’UE omnipotence ; pour l’omniscience, elle a eu les félicitations du jury.

Mais savoir n’est pas tout : il faut diffuser le savoir, de préférence très fort et en coupant la parole à quiconque tente un début d’opinion. Car la je-sais-tout, comme la chieuse, pense que l’abus de discrétion est dangereux pour la santé et, de fait, ne sait pas s’exprimer avec modération.

« OH LÀ LÀ, NAN MAIS LES MICRO-ONDES C’EST HYPER-CANCÉRIGÈNE !

-          Euh, j’ai fait ma thèse sur le sujet et je t’…

-          PARCE QUE ÇA FAIT DES ONDES ET LES ONDES ÇA DONNE LE CANCER, D’AILLEURS MA TANTE A ACHETÉ UNE CLEF DE 12 ET DEPUIS ELLE A DÛ SE FAIRE ENLEVER LA VÉSICULE, ALORS TU VOIS ! »

-          Ben, je vois pas le rapp…

-          APRÈS C’EST SÛR HEIN, LE LOBBY DE LA TECHNOLOGIE IL VA PAS TE LE DIRE, ÇA, HEIN !!! »

Inutile de tenter de la détromper. Mme je-sais-tout sait tout et a toujours raison. Non négociable.

Phrase typiques : « Eh ben justement, j’ai une copine qui », « Mais t’as pas vu l’autre soir le reportage sur NRJ12 ? », etc.

Pire ennemi : les silencieux. Sans tremplin pour ses élucubrations, la je-sais-tout dépérit, s’étiole et se fane.
 
 
 
Voici donc les 5 modèles indispensables à tout service de gonzesse voué à l'échec.
Regardez autour de vous : alors, y en a pas une de chaque ?

Moralité : courage, fuyons.
 
 
... Et encore, je suis sympa. Je vous épargne
la bobo-verdâtre, équitablo-bio-végétarienne archi-prosélyte aux sandales en chanvre mais avec un portable / climatiseur / voyage au Burkina vachement pas éco-responsable(s) ;
la jeune maman, qui ne parle que caca mou, premiers mots et éructations diverses ;
la béni-oui-oui et ses opinions personnelles frôlant l'écholalie ;
la nunuche, évaporée au point qu'on a envie de lui poser un couvercle pour ne pas que ça attache ;
la fashion victim, qui juge de l'intérêt des gens en fonction de l'étiquette de leur pull-over ;
l'ÂHÂrtiste et sa sensibilité têHÊêllement exacerbée ;
la bonne copine, gluante de bonne volonté et qu'on a envie de tarter parce que tant de guimauve ça gave, bordel, ça écœure, mais barre-toi donc de là, tu vois pas que j'ai pas eu mon café ce matin ? ;
l'invisible, jamais invitée aux soirées, "mais si tu sais, là, celle qui a la voiture grise" ;
la Iznogoud, qui vérifie et corrige le travail des autres pour oublier qu'elle ne sera jamais calife à la place du calife ;
... arrêtez-moi je vais hurler.
 
 
 
Et zut. On commence un post calmement, on s'agite, on s'agite, puis on finit par blogger sous soi. C'est malin.
N'empêche. Que celle qui a traversé un service de gonzesses sans croiser aucune de celles-ci (et sans finir par péter un plomb !) me jette la première pierre.
 
 
P.S. : Et moi là-dedans, je me situe où, dites-vous ? Chez les chieuses, bien entendu. Vous en doutiez ?