Vous avez remarqué ? Les
services de femmes, c’est toujours le panier de crabes. Un pénis dans
le service et les humeurs se modèrent, mais dès lors qu’on laisse les
femelles entre elles, les gentilles se transforment en mégères, les
douces se muent en harpies, les professionnelles jouent au tacle glissé en
fourbe, bref, c’est le début de la fin.
Malheureusement,
les professions administratives sont dominées par les femmes. Pour le
plaisir du cliché, j’ajouterais que c’est probablement parce que
gnaaagnaaagnaaa, nous les nanas on sait faire du multitâche et pas vous
les mecs gnaaaagnagnaaaa. Toujours est-il qu’au final, ces
départements-là, ça vire régulièrement en guerre œstrogénique.
Tout
service administratif digne de ce nom se doit de compter parmi ses
membres au moins une représentante de chacun des groupes suivants :
- Les chieuses.
Habituellement, on entend les chieuses avant de les voir.
Systématiquement dé-bor-dée, la chieuse a aussi toute une tonne de
petites misères taupinièresques qui prennent immanquablement des
proportions Everestiques.
De
l’imprimante qui n’a plus de papier au client pénible, tout est bon
pour pester. QuôôôwAH ? Quelqu’un leur a pris un trombone ?! AAAAAAH !
(car la chieuse pense et s’exprime uniquement en majuscules et à grands
renforts de ponctuations multiples. Ce qui est le signe indéniable d’un
esprit malade, ©Sir Terry Pratchett).
Et
quand par MALHEUR tout va bien, la chieuse ne se démonte pas pour
autant : unetelle l’a regardée de travers, les impôts locaux c’est trop
cher, quel temps pourri dehors. On pourrait lui offrir une prime
spéciale Chippendales-champagne, elle râlerait que le string léopard ça
fait vulgaire et que les bulles la font péter.
Phrase typique : « Rho, mais c’est pas possible ! »
Pire ennemi : tout le monde.
- Les feignasses.
Reines incontestées de la glandouille à la machine à café, les
feignasses compensent un manque de courage professionnel avéré par une
sociabilité débordante.
Les
feignasses adorent s’appuyer à un chambranle de porte et s’arrêter une
petite minute pour « prendre des nouvelles » ; de fait, elles savent
toujours qui a un fils en plein passage du code, qui est parti aux
Maldives ou à La Bourboule et éééévidemment qui couche avec qui. Elles
passent dans chaque bureau au moins une fois par jour et vous écoutent
quand vous allez mal – parce que 15 minutes à compatir à votre sort,
c’est toujours un quart d’heure de boulot en moins.
Toujours
prêtes à rendre service (au patron), elles ont acquis avec le temps des
compétences de comédie spectaculaires quand il s’agit de prendre un air
concentré et laborieux derrière leur écran – sur lequel sont ouverts
des parties de solitaire / démineur / freecell (comédienne lvl 1), ainsi
que des dossiers bidons pour faire genre si quelqu’un regarde
(comédienne lvl 2, option ninja).
Parfois,
les feignasses travaillent quelques heures. Ensuite, épuisées, elles
disparaissent en congé maladie pendant une bonne semaine. Surmenage …
Phrase typique : « Alors, ces vacances ? »
Pire ennemi : les indicateurs de performance.
- Les zizanettes.
Les zizanettes sont, en réalité, des créatives incomprises et des
artistes de la stratégie. Quand on n’a aucune vie hors de son petit
plein temps en CDI, on se crée un roman-feuilleton avec les moyens du
bord – et quand on est notoirement incompétent et inquiet pour son
poste, pas besoin d’avoir lu Sun Tzu pour comprendre que l’idéal, c’est
diviser pour mieux régner. Combinons ces deux états de fait, secouons un
peu et nous obtenons une jolie petite zizanette.
L’oreille
collée à la cloison des autres bureaux, la zizanette découvre autant
d’informations que les feignasses mais ne retransmet pas tout, ooOOOooh
non. Elle stocke. Elle garde. Elle déforme. Elle brode. Elle amplifie.
Elle répète, aux pires personnes et au pire moment – quitte à inventer
si la pêche au scoop n’a pas été bonne ce jour-là. Plus il y a de clans,
plus ils s’affrontent, plus la zizanette s’épanouit.
Phrase typique : « En même temps, vu ce que X a fait à Y… Ah bon, t’as pas su ? »
Pire ennemi : tous ceux qui pourraient un jour monter en grade.
Pire
ennemie MAIS VRAIMENT LA PIRE : la nouvelle. Souvent enthousiaste,
jeune et poussant même parfois le vice jusqu’à être jolie, la nouvelle
est un danger à éliminer de toute urgence. Tous les coups sont permis.
- Les vieilles biques.
La vieille bique est là depuis si longtemps que sa carte de pointage
est une plaque de cire gravée au stylet. Bien ancrée dans ses petites
habitudes, elle émet des factures en ducats et rédige ses courriers au
burin dans des blocs de marbre. Indévissable, indétrônable, cramponnée à
son siège comme une balane à une coque de bateau, la vieille bique a la
souplesse d’un menhir et elle. Ne. Bougera. Pas. Jamais.
D’ailleurs
elle ne changera ni sa façon de travailler, ni ses procédures, ni ses
outils de travail. Ses fringues datent de son baccalauréat, ses sandales
ont appartenu à Jésus-Christ, elle a même collé une manivelle à
l’arrière de son PC pour se rassurer.
Vous
qui êtes jeune, dynamique et efficace, la vieille bique vous rend
chèvre. Pleine de bonne volonté et de grandeur d’âme, vous avez essayé
de lui expliquer tous ces concepts horriblement révolutionnaires comme
la roue, la machine à vapeur ou le copier-coller. Peine perdue.
Croupissant sans vergogne dans son ignorance, elle traîne la patte et se
noie dans un verre d’eau dès qu’il faut sortir de ses petites
habitudes.
Phrase typique : « Parce qu’on a toujours fait comme ça. » et « ouh là là, c’est quoi ce truc ? »
Pire ennemi : tout élément de technologie post-Charlemagne.
- Les BDD, ou Mme je-sais-tout.
Tout est dans le nom. Pour Mme je-sais-tout, le doute, c’est le diable.
Que vous cherchiez une manip’ du progiciel interne, le meilleur
restaurant indien de Trifouctou-sur-Marne ou LA couleur tendance cette
automne, elle sait. D’ailleurs elle a toujours lu un article sur /
une copine qui bosse dans / des connaissances personnelles de TOUT.
Lors de son Master Dieu, elle n’a raté que l’UE omnipotence ; pour
l’omniscience, elle a eu les félicitations du jury.
Mais
savoir n’est pas tout : il faut diffuser le savoir, de préférence très
fort et en coupant la parole à quiconque tente un début d’opinion. Car
la je-sais-tout, comme la chieuse, pense que l’abus de discrétion est
dangereux pour la santé et, de fait, ne sait pas s’exprimer avec
modération.
« OH LÀ LÀ, NAN MAIS LES MICRO-ONDES C’EST HYPER-CANCÉRIGÈNE !
- Euh, j’ai fait ma thèse sur le sujet et je t’…
- PARCE
QUE ÇA FAIT DES ONDES ET LES ONDES ÇA DONNE LE CANCER, D’AILLEURS MA
TANTE A ACHETÉ UNE CLEF DE 12 ET DEPUIS ELLE A DÛ SE FAIRE ENLEVER LA
VÉSICULE, ALORS TU VOIS ! »
- Ben, je vois pas le rapp…
- APRÈS C’EST SÛR HEIN, LE LOBBY DE LA TECHNOLOGIE IL VA PAS TE LE DIRE, ÇA, HEIN !!! »
Inutile de tenter de la détromper. Mme je-sais-tout sait tout et a toujours raison. Non négociable.
Phrase typiques : « Eh ben justement, j’ai une copine qui », « Mais t’as pas vu l’autre soir le reportage sur NRJ12 ? », etc.
Pire ennemi : les silencieux. Sans tremplin pour ses élucubrations, la je-sais-tout dépérit, s’étiole et se fane.
Voici donc les 5 modèles indispensables à tout service de gonzesse voué à l'échec.
Regardez autour de vous : alors, y en a pas une de chaque ?
Moralité : courage, fuyons.
... Et encore, je suis sympa. Je vous épargne
la bobo-verdâtre, équitablo-bio-végétarienne archi-prosélyte aux sandales en chanvre mais avec un portable / climatiseur / voyage au Burkina vachement pas éco-responsable(s) ;
la jeune maman, qui ne parle que caca mou, premiers mots et éructations diverses ;
la béni-oui-oui et ses opinions personnelles frôlant l'écholalie ;
la nunuche, évaporée au point qu'on a envie de lui poser un couvercle pour ne pas que ça attache ;
la fashion victim, qui juge de l'intérêt des gens en fonction de l'étiquette de leur pull-over ;
l'ÂHÂrtiste et sa sensibilité têHÊêllement exacerbée ;
la bonne copine, gluante de bonne volonté et qu'on a envie de tarter parce que tant de guimauve ça gave, bordel, ça écœure, mais barre-toi donc de là, tu vois pas que j'ai pas eu mon café ce matin ? ;
l'invisible, jamais invitée aux soirées, "mais si tu sais, là, celle qui a la voiture grise" ;
la Iznogoud, qui vérifie et corrige le travail des autres pour oublier qu'elle ne sera jamais calife à la place du calife ;
... arrêtez-moi je vais hurler.
Et zut. On commence un post calmement, on s'agite, on s'agite, puis on finit par blogger sous soi. C'est malin.
N'empêche. Que celle qui a traversé un service de gonzesses sans croiser aucune de celles-ci (et sans finir par péter un plomb !) me jette la première pierre.
P.S. : Et moi là-dedans, je me situe où, dites-vous ? Chez les chieuses, bien entendu. Vous en doutiez ?