lundi 28 octobre 2013

Entendu au boulot...

... ce matin, alors que je passais dans le couloir, à propos de mon pull :

« Nan mais franchement, ce violet avec ce rose...
- Attends, pis je crois qu'il y a encore du violet en haut, en plus...
- Oh là là... »

(comme quoi, il y a des collègues plus débordées que d'autres)

vendredi 18 octobre 2013

vendredi 4 octobre 2013

Dépression Y



Oh, bien sûr, quand on rationalise, on se dit qu’on a de la chance d’avoir un taf ; on repense aux années de galère, de chômage, de factures pas payées, de crainte de l’huissier, on se dit qu’on a du pot d’en être sorti.

Mais justement : pour en sortir, bien souvent, on a pris le premier truc qui passait. On n’a pas voulu jouer le casse-pieds, le parasite qui vit aux crochets de ses parents et de ses amis jusqu’à avoir trouvé le poste idéal. On en a eu marre de faire ses courses avec uniquement des produits marque pouce, alors on a bravement accepté un boulot très loin au-dessous de nos capacités et de notre expérience, on a profité les premiers mois de ces jolies sommes qui tombent sur le compte en banque. On a noyé nos amis sous les chocolats, les parfums, les jeux vidéo et les bouquins, les repas au restau et les bouteilles de champagne. C’est un petit taf. Ce n’est pas Byzance non plus – et d’ailleurs on mettra un semestre à éponger les dépenses de fêtes susmentionnées. Mais voilà, ça y est ! Nous et notre bac +5, on a enfin dégoté un taf au SMIC. W00t.

Et puis, est arrivé l’ennui. Oui, on est trop qualifié pour ce poste. Oui, l’ambiance est à chier et le salaire minable. Oui, on utilise 1% de nos compétences. Du coup, on se sent bridé, brimé, utilisé. Les collègues sont souvent limités, au mieux ; pas loin de la bêtise totale, au pire. Le patron vous case dans un joli placard parce que les postes un peu plus sympa sont réservés à ses amis et sa famille. En somme, sans espoir de formation (même interne) ou d’évolution, vous resterez bien gentiment où vous êtes en faisant le moins de vagues possibles. C’est tout du moins ce que l’on attend de vous.

Bien sûr, on ne peut pas chercher de réconfort auprès de la famille. Papa, petit comptable, a appris son métier sur le tas et fini sa carrière associé d’un grand cabinet ; maman, qui a arrêté l’école en 4e, a fini avec un salaire égal à 4 fois le SMIC, sans se qualifier davantage entretemps. Papa a toujours travaillé, Maman a fait deux mois de chômage dans toute sa vie. Comment pourraient-ils comprendre ? Dans leur petit monde, les chômeurs étaient encore souvent des fainéants. On pouvait trouver un boulot en prenant son café au bistrot. Notre monde à nous, ils ne peuvent même pas le concevoir.
Les potes ? Pas tellement plus. Pour la plupart, ils sont comme nous : ils casent un master de sciences de l’éducation à remplir des étagères de supermarché ; maudissent leur licence de lettres classiques en répondant au téléphone sur la plateforme d’une célèbre mutuelle ; ruminent leur diplôme de traducteur-interprète en affranchissant le courrier de leur entreprise. Et ça, ce sont ceux qui ont de la chance. Les autres en sont précisément où on en était nous-mêmes il y a six mois encore : en galère.

Alors on reste où on est. Et on en crève.

On se soucie des jeunes ; on se soucie des vieux. Nous, bonne génération Y, devons nous soucier de nous-mêmes ; il nous faut à tout prix éviter de singer l’enthousiasme caduc de nos parents et la dépression contagieuse de nos semblables, préparer cette retraite que nous n’aurons pas, la vie de ces enfants que nous ne pourrons pas assumer financièrement, mettre un mouchoir sur ces compétences que nous n’utiliserons jamais 35h/semaine. Et tenter de ne pas nous jeter sous les rails d’un train.

T’manière, pas moyen : y a grève SNCF.